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Friday 30 September 2011

Printemps arabe : un entretien avec Moulay Hicham

Le prince Hicham ben Abdallah cousin du roi du Maroc, chéri des médias indépendants (ce qui en reste) et honni par le Makhzen (et ses médias) a accordé une longue entrevue au journaliste américain Stephen Smith. L'entrevue a été publié dans la revue Le Débat. Elle ne nous apprend pas grand-chose de nouveau mais elle permet au prince du mieux clarifier sa pensée et ses positions par rapport aux événements qui secouent le monde arabe en général et le Maroc en particulier. Je trouve sa façon de voir les choses ainsi que ses points de vues intéressants. Il ne mâche pas ses mots quand il s'agit de commenter la réformette de la constitution marocaine.

Voici le texte intégral :

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Printemps arabe : un entretien avec Moulay Hicham 
 
Propos recueillis par Stephen Smith

Personne ne pouvait apporter un point de vue plus informé sur les bouleversements dans le monde arabe que le prince Moulay Hicham ben Abdallah El Alaoui. Cousin germain du roi du Maroc, Mohammed VI, et héritier par sa mère libanaise d’une grande lignée panarabe, il est également chercheur et enseignant au Center on Democracy, Development, and the Rule of Law de l’université de Stanford, en Californie. Dès 1994, il avait créé l’Institut d’études régionales pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie centrale à l’université de Princeton où il avait débuté ses études. Il dirige par ailleurs une Fondation pour la recherche en sciences sociales sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient qui porte son nom (http://moulayhichamfoundation.org/fr). Né en 1964 à Rabat, Moulay Hicham s’est installé en 2002 aux États-Unis pour des raisons qu’il explique ci-après.

Stephen Smith. – Vous vous exprimez sur le monde arabe à bien des titres: comme membre de la famille royale au Maroc, comme «prince rouge» chéri ou honni dans les médias, mais aussi comme chercheur à l’université de Stan­ford ou comme mécène d’une fondation de recherche en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Alors, au juste, d’où parlez-vous et en quelle qualité?

Moulay Hicham. – Nul ne s’invente. De par mon père, Moulay Abdallah Ben Mohammed El Alaoui, j’appartiens à la famille régnante au Maroc et je suis très fier d’être membre d’une monarchie qui s’est alliée au peuple pour mettre fin au colonialisme. De par ma mère libanaise, Lamia el-Solh, j’appartiens à l’une des grandes familles nationalistes du monde arabe qui a essaimé à travers toute la région. Mais ma «fami­liarité» avec le monde arabe n’est pas seulement le fait de mes liens de parenté. Après mes études à Princeton, j’ai poursuivi des recherches sur des transitions démocratiques pour sortir de l’autoritarisme. Désormais, je suis Consulting Professor à Stanford. Bref, c’est un tout. J’ai grandi au palais au côté de mon cousin, qui est devenu le roi Mohammed VI. J’ai très tôt dit mon fait au roi Hassan II tout en apprenant énormément de lui et en accompagnant mon père – quand il était le représentant personnel de son frère – dans des missions diplomatiques à l’étranger. Après la mort de mon oncle, j’ai continué de soutenir publiquement que le makhzen, c’est-à-dire le pouvoir patrimonial au Maroc, devait périr pour que la monarchie vive et serve les Marocains. Je me suis également prononcé contre le califat, autrement dit contre une monarchie sous l’autorité du «Comman­deur des croyants» mêlant prérogatives politiques et religieuses. Tout cela, je le pense et le défends toujours, à la fois en raison de ce que je suis et à cause de ce que j’ai fait de moi. Certes, personne ne s’invente. Mais je suis, aussi, le résultat de mon parcours et de ma réflexion. On peut être entier, du moins je l’espère.

Wednesday 28 September 2011

Photos des soldats israéliens impliqués dans la tuerie du Mavi Marmara


Des médias turcs viennent de publier les photos de 148 soldats parmi les 174 impliqués dans le meurtre de 9 passagers turcs du Mavi Marmara. Ce bateau faisait partie de la flottille internationale pour briser le blocus illégal de la bande de Gaza en 2010. Les photos font partie des résultats du travail des services de renseignement turcs et il semblerait que le tout sera transmis à la justice turque pour d’éventuelles poursuites. Toutefois, les -présumés- criminels israéliens peuvent se rassurer. Ces poursuites n’auront qu’une portée symbolique dans un monde ou la complaisance envers les crimes d’Israël a toujours été la règle jusqu’à maintenant. 

La Turquie ne lâche pas prise. Erdogan semble déterminé à aller jusqu’au bout de cette affaire et c’est tant mieux. Pourvu que ce soit par conviction et non pour des raisons électoralistes/populistes…



Le TGV entre Makhzanisme et Nihilisme


La visite de Nicolas Sarkozy au Maroc dans les 2 prochains jours et le projet de TGV qui vient avec alimentent les débats entre marocains sur le net. C’est un exercice périlleux mais je vais tenter de résumer et de caricaturer les échanges et les commentaires au sujet du projet de TGV sur les forums et les blogs marocains.

J’ai évidemment un parti pris puisque je suis contre l’idée du TGV au Maroc. De plus, je trouve sublime l'argumentation « officielle » pour défendre l'idée du TGV. Alors voici un échange fictif entre un pro-TGV, naturellement makhzanien, et un anti-TGV, naturellement nihiliste. Oui oui, je fais des raccourcis Makhzaniens vs. Nihilistes mais c’est uniquement pour les besoins de l’exercice.

-          Makhzanien: C'est une bonne chose pour le Maroc, parce que c'est moderne
-          Nihiliste: Oui mais nous n'en n'avons pas vraiment besoin
-          Makhzanien: Non c'est une chance pour nous, c’est important et c'est le futur du transport en commun
-          Nihiliste: Oui mais nous avons des besoins plus urgents (lignes ferroviaires vers le sud et d’autres régions, routes pour les régions enclavées, écoles, université, hôpitaux, etc.)
-          Makhzanien: Non c'est critique pour connecter le nord au sud
-          Nihiliste: Nous avons déjà le train et l’autoroute et  nous ne pouvons pas nous permettre un TGV, c'est trop cher et il y a d'autres moyens moins couteux
-          Makhzanien : Rien n’est cher pour notre beau pays. C’est un choix qui s’impose. C’est écologique. On va réussir
-          Nihiliste : Oui mais même la France, le pays du TGV, trouve que c’est un gouffre financier
-          Makhzanien : Notre croissance est plus prometteuse et nous allons le gérer mieux
-          Nihiliste : Notre croissance dépend encore de la pluviométrie, pas du TGV. Vous croyez que l’ONSF va gérer le TGV mieux que la SNCF ? Mais vous êtes fou ?
-          Makhzanien : C’est important pour le tourisme
-          Nihiliste : Les touristes viennent au Maroc en avion et le TGV ne passera même pas par des régions touristiques
-          Makhzanien : C’est un investissement majeur en infrastructure qui va créer des milliers d'emplois. 
-          Nihiliste : Le TGV ne crée pas vraiment d'emplois. De plus, il n'y a même pas de conditions sur des transferts de technologies comme font les autres pays avec des contrats aussi gros.
-          Makhzanien: Ce n'est pas un si gros contrat. Les français nous font un prix d'ami
-          Nihiliste: Prix d'ami ? Je n'en suis pas sûr. Nous n'avons même pas fait d'appel d'offres. On aurait peut-être eu un meilleur prix ailleurs. Peut-être même qu'il y a des rétro-commissions dans cette affaire ? Vous savez, les élections présidentielles approchent en France...
-          Makhzanien : Vous n’êtes qu’une bande de gauchistes, nihilistes, anti-Maroc, anti-progrès et vous ne comprenez rien au développement. D'ailleurs, vous n'avez jamais rien compris…
-          Nihiliste: Et vous une bande de makhzaniens, n3am-sidi-istes, béni-oui-oui-istes et de toute façon, vous applaudissez n'importe quelle décision royale

THE END




Monday 26 September 2011

Makassib de la "Dream Team" gouvernementale

Le gouvernement du Maroc, qui a le mot « Échec » désormais gravé sur le front, en a surpris plus d’un avec cette initiative visant à glorifier son bilan et ses prétendues grandes réalisations. Il se permet ce triple-salto-arrière en faisant usage d’un grossier trucage de chiffres. Plusieurs blogueurs marocains ont d’ailleurs démonté pièce par pièce les chiffres annoncés mais ce serait bien de revenir sur la composition même de ce gouvernement. Comment une équipe de « loosers » qui prend ses ordres du cabinet royal peut s’attribuer une quelconque réalisation digne d’être citée ? Ce serait pénible et inutile de s’attarder sur chacun des pions du gouvernement mais faisons connaissances avec ses « poids lourds »…

Abbas El Fassi, Chef du Gouvernement

Abbas El Fassi est probablement le premier ministre le plus minable de l’histoire du Maroc. Il a le charisme d’une serpillière. Si sa nomination au poste de premier ministre, soi-disant respectant les règles « démocratiques », était une gifle adressée aux marocains. Elle a carrément été un crachat aux visages des victimes de l’affaire "Ennajat". Cette triste histoire a été à l’origine du suicide d’au moins quatre des victimes. Dans cette affaire Abibbis a fait preuve d’une incompétence et d’une malhonnêteté absolue. Pour ajouter l’insulte à l’injure, aucune excuse, sanction ou démission. Bien au contraire! Confirmation s’il en fallait une que les gaffes des fidèles serviteurs du trône aussi grosses soient-elles ne sont jamais sanctionnées pourvu qu’elles soient envers le peuple et non envers le roi. Un haut responsable, aussi compétent soit-il, peut se retrouver du jour au lendemain muté à Figuig ou Zagora pour une minuscule erreur de protocole. Par contre un ministre qui engage la garantie et la responsabilité de l’état dans une des plus grosses escroqueries de l’histoire du royaume et maintenu dans ses fonctions, pire encore, promu ministre d’État et même parachuté premier ministre quelques années plus tard. En 2003, au Portugal, un ministre a été contraint de démissionner seulement parce que sa fille aurait eu un passe-droit (assez discutable) pour entrer à l’université. Chez nous, le mec, distribue des hauts postes à tout son clan, cautionne un vol qualifié contre 30000 jeunes « fils du peuple » et qu’est-ce qu’on en fait ? On lui donne une promotion. Si cela n’est pas du foutage de gueule…

On ne peut tourner cette petite page de Abbas El Fassi sans mentionner que notre monument national de la honte fait des déclarations qui l’ont entrer par la grande porte dans l’histoire de la servitude volontaire. Exemples :