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Wednesday 15 February 2012

Extrémistes vs. Orthodoxes

En religions, quelle est la différence entre un extrémiste et un ultra-orthodoxe ?

La majorité des médias occidentaux, est passée maître dans l'art de la diffamation quand il s'agit du traitement des sujets liés à l'Islam et les musulmans. Lors d'émissions télé de tout genre ou de bulletins de nouvelles par exemple on vous sert à petites doses une soupe ou se mélange préjugés, amalgames et mensonges. Souvent, on invitera des "intellectuels" pour vous jureront la main sur le cœur que ces préjugés sont totalement justifiés. Là, tous les raccourcis sont permis. Les termes les plus péjoratifs fusent : Islamisme, extrémisme, islamisme radical, islamo-fascisme, etc.

Ces pseudo-intellectuels vous expliqueront qu'ils n'ont rien contre les musulmans. C'est l'Islam le problème. Comme si la religion des musulmans était autre chose. Cette distinction absurde prend les gens pour des imbéciles. En fait, elle contient plusieurs aspects vicieux. Le premier est que sous l'apparence du gentil intellectuel qui n'a rien contre les musulmans, on essaye de les distinguer clairement du reste de la population. Comme si c'était une race à part. Il y a les humains et il y a les musulmans. Mais on vous dira que tant qu'ils ne s'accrochent pas à leur religion, alors ils sont gentils. N'ayez crainte. On en parle comme si c’était une communauté homogène qui interprète sa religion exactement de la même façon et qui parle d’une seule et unique voix. La réalité est toute autre. Il y aussi cette tentative de séparer les musulmans de leur religion. On tente d'occulter le fait que les musulmans sont simplement des gens qui ont une certaine croyance et ont une pratique religieuse en concordance avec cette croyance. Dire que les musulmans seront acceptés ou intégrés uniquement s'ils abandonnent leur religion est un non-sens. Les musulmans ne sont ni une race ni une ethnie. Ce sont des gens qui pratiquent - à différents niveaux - l'Islam. Ce même Islam qu'on vilipendent à longueur de "débats" télévisés.

Deux poids, deux mesures

Depuis plusieurs années déjà, personne ne se gêne pour dire ouvertement qu'il est islamophobe. Par contre, j'imagine mal une personnalité publique déclarer qu’elle est Judéophobe par exemple, sans risquer sa carrière et même la prison. Plusieurs ont disparus du paysage médiatique pour bien moins que cela. Une simple critique envers le gouvernement israélien par exemple. Un musulman très pratiquant est systématiquement taxé d’extrémiste. Un juif très pratiquant est considéré orthodoxe, ou ultra-orthodoxe. Certains diront qu’il n’y a pas lieu de comparaison mais personnellement, je crois que la comparaison entre le traitement réservé aux deux communautés dans les médias est totalement justifiée. Entre autres, parce qu’il s’agit de deux minorités religieuses. Le contraste est encore plus frappant quand il s'agit d' Israël et d'israéliens. Les médias trouvent facilement des qualificatifs le moins péjoratifs possible: nationalistes, ultranationalistes, orthodoxes, ultra-orthodoxes, etc. Un groupe de colons israéliens qui tuent un palestinien ou brulent une mosquée en Cisjordanie seront appelés... colons israéliens, tout simplement. On n'entendra pas dire qu'ils sont "un groupe d’extrémistes juifs" ou qu'ils ont "commit un acte terroriste".

Un autre exemple : En Norvège, le meurtrier d'Utoya a été traité de... meurtrier. "Simple" meurtrier!  Un fou. Un acte isolé. Le tueur d'Utoya. Aucun média occidental ne l'a qualifié de "terroriste chrétien appartenant à une mouvance chrétienne extrémiste qui menace l'occident et la civilisation occidentale… et la paix dans le monde". Dans les médias norvégiens, avant le massacre de l'ile d'Utoya. En 2009 un rapport norvégien mentionnait que l'Islam et les musulmans ont été cités dans les médias du pays autant que le nom du premier ministre. L’Islam était considéré par les norvégien comme plus dangereux pour eux que la crise financière ou le réchauffement climatique! Alors que la Norvège n’a jamais connu d’attentats terroristes attribués à des musulmans et n’a jamais été menacé par un pays musulman. Les médias ont inventé aux norvégiens un ennemi qui en réalité n’existe pas. Cette machination est bien plus forte dans d’autres pays européens.

Il est grand temps que le traitement médiatique de ces sujets très sensibles soit un peu plus équilibré.

à bon entendeur...

Friday 3 February 2012

Que Taza soit notre Sidi Bouzid...

Le changement vient souvent de là ou on s'y attend le moins. Qui aurait pu prévoir qu'une petite bourgade au fin fond de la Tunisie déclencherait une révolte dans presque tout le monde arabe ?

Le Maroc n'est pas du reste mais le moins que l'on puisse dire est que le régime jongle assez habilement avec les agitations des marocains. On est encore au stade de manifestations. Manifestations que le Makhzen réprime ou tolère comme bon lui semble. On est bien loin d'une révolte. Par contre, plusieurs villes commencent à prendre le relais pour montrer l’exaspération populaire face aux mesures cosmétiques que Mohammed VI essaye de commercialiser comme changements révolutionnaires. 

Aujourd'hui les jeunes de Taza, petite ville marocaine qui ne fait jamais les manchettes, crient haut et fort qu’il faut que le régime arrête de prendre les marocains pour des moutons. Évidement le Makhzen, fidèle à lui-même, réagit comme un chien enragé : répression sauvage, arrestations arbitraires, torture, destruction de biens privés, procès bâclés, etc. On ne s'attendait à rien de moins de lui et de ses sbires, mais personne ne croyait encore que des marocains démontreraient tant de courage face à cette répression. Qu’ils démontrent tant de liberté de ton devant les caméras.

 Beaucoup de marocains aujourd'hui espèrent, en silence, que Taza soit notre Sidi-Bouzid....











Monday 9 January 2012

Fetih 1453

Les réalisateurs de Hollywood nous ont habitué depuis des décennies à voir les musulmans en général et les arabes en particulier dans des rôles de terroristes, d'imbéciles, de vaincus, etc. Les exemples sont très très nombreux. Ce chercheur résument bien les scènes les plus marquantes, comprendre les plus humiliantes, pour nous autres musulmans. 



Dans les années 70/80/90 c'était trop flagrant. Les insultes et autres humiliations sont devenues plus subtiles depuis. On fait l'effort de nous montrer qu'il y a des musulmans méchants et imbéciles mais qu'il y a aussi des musulmans gentils mais imbéciles quand même...

Bien sûr qu’il ne faut jamais essayer d'apprendre l'Histoire au cinéma mais cette histoire nous prouve que les musulmans n'ont pas toujours été des vaincus. Cela Hollywood ne vous le dira pas. Il faut chercher ailleurs. Le cinéma turc vient de sortir une très belle production: « Fetih 1453 ». Le film raconte la prise de Constantinople (aujourd'hui Istanbul) par les turcs (Ottomans). Un événement historique très marquant. C'était la fin de l'Empire Byzantin (Empire Romain d'Orient) et le début de la grande expansion de l'Empire Ottoman. Pour l'occident la prise de Constantinople marque la fin du Moyen-âge et le début de la Renaissance. En d'autres termes, le film évoque une période historique charnière où les musulmans sont dans le camps des vainqueurs. Oui oui détrompez-vous, cela est déjà arrivé... plusieurs fois même… 



Bientôt dans une salle près de chez-vous...

Monday 28 November 2011

Législatives marocaines: Nouvelle partie du même jeu


Abdelillah Benkirane, patron du PJD, est en une de presque toute la presse du royaume de ce week-end. C'est grâce à la victoire de son parti aux premières législatives marocaines sous la nouvelle constitution. Victoire nette, qui  tend à faire croire à un jeu politique clair mais qui, à mon avis, en cache un autre, bien moins glorieux.

Avant de commenter le résultat de ces élections, j'aimerai revenir sur un épisode qui a fait scandale au début de l'année mais qui a vite été oublié. Il donne une petite indication sur la suite des choses. Jamaâ El Moâtassim membre de l'équipe dirigeante du PJD a été arrêté pour "corruption, abus de pouvoir, falsification de documents officiels et administratifs". Le jour où il devait être présenté devant le juge, il été nommé par le roi comme membre du nouveau conseil économique et sociale!! Quiconque connait le système de justice marocain, sait qu'il est sous les ordres et quiconque a un peu de bon sens sait qu'on ne sort pas un homme de prison avec une liste d'accusations de corruption aussi longue qu'une liste d'épicerie pour le nommer dans un conseil créé pour apaiser la contestation anti-corruption! Moâtassim n'a probablement pas été sorti de prison par manque de preuves, présomption d'innocence ou autre beau principe de justice. L’hypothèse selon laquelle sa remise en liberté faisait partie d'un deal plus large en contre-partie d'une prise de position anti-20 février de la part du PJD, me parait plus crédible. On a bien vu comment les deux parties ont rempli leur contrats jusqu'au bout: Le palais en nommant Moatassim dans le conseil machin-machin et Benkirane en attaquant le mouvement du 20 février à volonté. La victoire du 25 novembre semble être la deuxième partie de la récompense...

Revenons un peu au contexte: La monarchie naviguait tant bien que mal à travers les eaux tumultueuses du printemps arabe. On fait montre d'une sérénité imperturbable mais personne n'est dupe. Tous les scénarios sont possibles et (espérons que) le roi et ses conseillers en sont conscients. À partir de là, le Makhzen montre l'étendue de son talent en pratiquant son sport favori: La carotte et le bâton. On joue sur tous les fronts. On tabasse, on arrête, on juge, on condamne, on achète des consciences, etc.